Du Sénégal au Burkina Faso en passant par la Côte d’Ivoire, les afronovelas et autres fictions africaines sont en vogue, suscitant l’engouement des distributeurs internationaux. Cependant, malgré cette effervescence sur le marché, l’économie qui le sous-tend reste encore à ses balbutiements.
Avec plus de 4,8 millions d’abonnés sur YouTube et plus de 20 millions de vues chaque mois, Marodi, société de production audiovisuelle sénégalaise créée en 2015, affiche des chiffres impressionnants. Elle se spécialise dans la création de contenus ouest-africains. Parmi ses succès figure « Maîtresse d’un homme marié », diffusée en wolof.
La série, également disponible en français grâce à l’intervention de l’intelligence artificielle, cumule plus de 87 millions de vues sur les plateformes de vidéo à la demande (VOD). Ce succès est attribué à un modèle économique basé exclusivement sur des fonds privés, fruit d’un partenariat entre les régies publicitaires des chaînes de télévision sénégalaises et des distributeurs internationaux tels qu’Amazon Prime.
« Il y a un réel dynamisme autour des séries qui reflètent le quotidien des populations, ce qui explique le phénomène Marodi », observe Séraphine Angoula, attachée audiovisuelle régionale de l’ambassade de France au Sénégal. Elle souligne que même une série Marodi qui ne rencontre pas un franc succès attire tout de même 2 millions de vues, tandis qu’une nouvelle saison peut en générer entre 6 et 7 millions.
Les ingrédients de ce succès reposent sur des récits spécifiquement africains et contemporains, empruntant tantôt à la comédie, tantôt au drame. Dans leur forme, ces séries reprennent les codes des telenovelas latino-américaines, diffusées en Afrique francophone depuis les années 1980 et consommées par des millions de personnes. « La force des contenus Marodi réside également dans leur capacité à briser les tabous, notamment ceux liés à la polygamie, aux violences conjugales ou à l’adultère, susceptibles de susciter la polémique », ajoute Séraphine Angoula.