Ils ne s’arrêtent donc jamais. La nuit, le jour, week-ends et jours fériés compris, la NUPES et sa pointe d’avant-garde insoumise ne font jamais relâche. Pas de congés payés. Des cadences stakhanovistes qui feraient rosir de plaisir les nostalgiques du Gosplan. Même pas de retraite passé 60 ans. La preuve par Jean-Luc Mélenchon, bientôt 72 ans au compteur, qui vient de voler au secours de la députée Ersilia Soudais. Celle-là même qui pleurait, la semaine dernière, sur le sort du pauvre Stakhanov, vient encore de se faire remarquer, à son corps défendant.
C’est l’avocat Alain Jakubowicz, président d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), quelqu’un qui n’est pas réputé pour ses prises de position fascisantes, comme dirait Sandrine Rousseau, qui a balancé la bombe dimanche : un tweet où l’on voit Mme Soudais revêtue d’une sorte de short blanc sur des collants (ou des bas, on sait pas) noirs. Un ensemble du meilleur effet et qui signe à merveille la ligne politique des Insoumis à l’Assemblée : « Venez comme vous êtes. » Photo accompagnée d’un commentaire de cet avocat toujours tiré à quatre épingles : « Tenue d’hiver d’une députée. On redoute l’été… » On avait dit « pas le physique », mais s’en prendre à la tenue d’une personne, est-ce bien s’attaquer au physique ? Non, si l’on y songe un peu. Un tweet pas méchant-méchant, on a vu pire.
Mais qu’est-ce que n’avait pas dit Me Jakubowicz ? On sait que la NUPES, comme autrefois les gaullistes, chasse en meute. Et là, c’est l’hallali. « Pauvre boomer misogyne. Vous faites pitié », lâche Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis. Aymeric Caron, député LFI de Paris et mâle déconstruit de l’étape, y va de sa contribution : « Votre tweet est stupide, misogyne, indigne d’une personnalité qui prétend lutter contre les discriminations. Président d’honneur de la LICRA, vraiment ? » Sandrine Rousseau, évidemment, ne pouvait pas rater ça : « Supprime », lance-t-elle, pour une fois synthétique, tutoiement révolutionnaire de rigueur. Raquel Garrido, elle, y va aussi de son petit couplet, gardant le voussoiement des grandes dames : « Supprimez votre tweet. S’en prendre à une femme politique sur la base de sa tenue est une discrimination des plus classiques. Celle provoquée par le machisme. Ne le voyez-vous pas ? » Un procès en discrimination est possible. Bien entendu, la qualification de misogynie est reprise par une certaine presse. Ainsi, Le HuffPost qui titre « La NUPES scandalisée par ce tweet misogyne d’Alain Jakubowicz ». Donc, c’est dit, sûr, c’est validé, c’est misogyne. Et maintenant, si une remarque du même style avait été faite sur la tenue d’un député, cela aurait été quoi ? Du racisme, du préjugé de classe, quoi encore ? À tous les coups on gagne, avec l’extrême gauche.
Bien entendu, cette « affaire », qu’on oserait presque qualifier de nouvelle affaire Dreyfus, est l’occasion de passer de l’hallali à la curée. Ainsi, une ancienne bâtonnière estime que cela mérite un rappel de la part de l’ordre des avocats car « le sexisme, le machisme, le manque de respect du vote et de la démocratie, la goujaterie sont encore plus abominables de la part d’un avocat oublieux de son serment qui jette l’opprobre sur notre profession ». Carrément. L’abject pointe son nez avec ce tweet à l’adresse de Jakubowicz : « Vous préférez peut-être les pijama a rayure. C’est sur les qu’elle vous avez battit votre carrière » (sic).
Bien entendu, aussi, mais ça coulait de source, Isabelle Rome, ministre délégué chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, ne pouvait être en reste : « Je condamne fermement ces attaques misogynes et sexistes. »
Ce qui est rassurant, avec cette histoire, c’est qu’Alain Jakubowicz persiste et signe, ou presque, en répondant à Mme Garrido : « La façon dont vos ami.e.s (vous voyez, je vous fais plaisir) s’accoutrent et se comportent à l’Assemblée est indigne du lieu où vous siégez et des Français que vous êtes censés représenter. Ne le voyez-vous pas ? »
Et au fait, Mélenchon ? Ah oui, c’est vrai, on l’avait oublié, celui-là. La sentence du patriarche est tombée. Sans appel, bien sûr. « Les attaques sexistes contre la tenue de la députée Ersilia Soudais sont une honte. Elles mériteraient la mise en retrait de celui qui les tient au nom d’une association respectée. » Ce à quoi, a répliqué Me Gilles-William Goldnadel : « L’arbitre des élégances. On peut traiter un ministre d’assassin. On peut shooter symboliquement dans sa tête. On peut minimiser une gifle. On peut insulter la police. Mais défense de moquer une gourde ridicule et vociférante. L’extrême gauche ose tout, c’est à cela qu’on la reconnaît. » Je crois que tout est dit.