Vendredi 17 février, Arte France a diffusé la dernière émission du magazine qui allait à la rencontre des pionniers d’hier et d’aujourd’hui. Le programme perdure en Allemagne et sur Arte.tv sous le nom de « Tracks East ».
Vendredi 17 février à minuit quinze, la rédaction historique de l’émission « Tracks » a tiré sa révérence. La voix off – celle de Chrystelle André – de ce programme, diffusé en France et en Allemagne depuis vingt-cinq ans, ne se fera plus entendre sur Arte. Au programme de la dernière émission de la rédaction française : des courses de tondeuses à gazon au Zimbabwe et en Nouvelle-Zélande ; une chanteuse éthiopienne en concert en banlieue parisienne ; un auteur de bande dessinée qui révolutionne le 9e art ; et le brutal tattoo, un tatouage violent et sombre venu d’Italie.
Depuis plus de deux décennies, cette équipe de journalistes (dont nous avons fait partie), de chefs opérateurs et de preneurs de son, menée par les deux rédacteurs en chef, Jean-Marc Barbieux et David Combe, explorait le monde et ses marges à la recherche de celles et de ceux qui ne créent pas comme les autres, qui pratiquent un sport extrême, ou proposent une esthétique plus que douteuse aux yeux du monde de l’art traditionnel. Bref, tous allaient à la rencontre des pionniers d’hier et d’aujourd’hui.
La ligne éditoriale a souvent échappé à beaucoup de téléspectateurs, et David Combe s’en amuse : « C’est sûr qu’on pourrait se demander quel est le lien entre la culture et les tondeuses à gazon. La culture, pour nous, a toujours été un moyen, aussi, de comprendre le monde, en laissant de côté nos préjugés, sans juger. » Boris Razon, directeur éditorial d’Arte France, renchérit : « Ce qu’apportait “Tracks” au champ culturel, c’est vraiment cette fenêtre sur ces cultures souterraines, tout un monde qui n’avait pas droit de cité dans une grande partie des médias traditionnels. C’était vraiment une émission à la fois de découverte, de surprise, d’émerveillement, d’étonnement, un vrai moment de folie à la télévision. Elle est apparue à une époque où il y avait très peu de chaînes, par ailleurs. »
« Il n’y a plus ni périphérie ni centre »