Parmi ces 17 000 sites révélés par une vaste enquête journalistique européenne, 2 100 seraient à des niveaux de pollution dangereux pour la santé.
17 000 sites contaminés en Europe, dont 2 100 à des niveaux dangereux pour la santé par les polluants PFAS dits « éternels » : 17 médias, dont Le Monde et le Guardian, ont publié jeudi les conclusions d’une enquête de plusieurs mois.
Baptisée « Forever Pollution Project », en allusion à ces composés chimiques de synthèse quasi indestructibles et développés depuis les années 1940 pour résister à l’eau et à la chaleur, l’enquête s’appuie sur des méthodologies d’experts, des données et des « milliers de prélèvements environnementaux » ayant permis de réaliser, selon eux, la première cartographie européenne des sites contaminés et suspectés de l’être.
Un lac norvégien, le Danube bleu, une rivière tchèque et des zones immenses entourant la plupart des bassins de la chimie industrielle… Le collectif de journalistes présente sa cartographie validée selon « une forme de peer-reviewed journalism, sur le modèle des travaux scientifiques validés par des pairs ».
« D’après notre estimation prudente, l’Europe compte plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics (au-delà de 10 nanogrammes par litre). La contamination y atteint des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts que nous avons interrogés (plus de 100 nanogrammes par litre) dans plus de 2 100 hotspots », indique le quotidien français.
Cinq usines localisées en France
Les journalistes ont également localisé 20 usines de production de PFAS, dont 5 en France, et 230 usines identifiées comme utilisatrices de PFAS, des composés dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables, utilisés dans l’industrie et présents dans des objets de la vie courante : produits en Teflon, emballages alimentaires, textiles, automobiles. Les usines de production sont principalement localisées en Allemagne, berceau de la chimie industrielle avec l’implantation notamment des entreprises Archroma et des américains 3M Dyneon et W.L. Gore, et en France avec Arkema et Daikin au sud de Lyon mais aussi Chemours et Solvay.
« Viennent ensuite le Royaume-Uni avec trois sites, l’Italie (deux), puis la Pologne, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique (un) », ajoute Le Monde. À partir de ces localisations, mais aussi de l’identification d’activités industrielles actuelles ou passées, les journalistes ont repéré 21 500 sites « présumés contaminés » en Europe, notamment les zones autour d’aéroports, qui utilisent des mousses anti-incendie contenant des PFAS.
« Prélevées par des équipes scientifiques et les agences environnementales de 2003 à 2023, les dizaines de milliers de données collectées le montrent : rares, désormais, sont les lieux épargnés par cette contamination omniprésente encore largement inconnue du public, y compris les plus intimes comme nos propres corps », ajoute le quotidien.
Les autorités sanitaires allemande, danoise, néerlandaise, norvégienne et suédoise ont déposé mi-janvier auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) un projet visant à bannir ces composants appuyé par d’autres pays, dont la France qui a récemment présenté son propre « plan d’action ».