Aurélie El Hassak-Marzorati, responsable d’un centre d’action sociale, et Jérémy Lachal, responsable d’une organisation non gouvernementale, défendent dans une tribune au « Monde », l’accès à la lecture pour les enfants réfugiés, pierre angulaire d’une culture de l’accueil.
En 2021 et en 2022, la lecture a été déclarée « grande cause nationale » par le président de la République Emmanuel Macron. Aujourd’hui, il faut aller encore plus loin : la lecture doit aussi devenir une « grande cause » de la politique d’accueil des réfugiés en France, et ce dès le plus jeune âge !
De très nombreuses études montrent l’importance de l’exposition aux livres dans le développement cognitif des enfants. Les livres développent le langage, la mémoire et l’imaginaire. Ils éveillent les sens, invitent au rêve et stimulent la créativité. Ils favorisent l’empathie et la capacité à exprimer ses émotions.
Conséquence directe : les inégalités d’accès aux livres aux âges les plus précoces sont le creuset d’inégalités qui s’accroîtront tout au long de la vie, durant le parcours scolaire, les études, la vie professionnelle.
Or, il est des lieux en France où le manque d’accès au livre est criant, alors qu’il pourrait y être le plus salutaire : les centres d’hébergement d’urgence, qui accueillent de plus en plus d’enfants exilés avec leur famille. Faute de moyens et de sensibilisation des pouvoirs publics sur la question, l’offre de livres adaptés est quasiment inexistante.
Pourtant, les livres – et la nécessaire médiation qui les accompagne – seraient pour les enfants exilés de formidables compagnons de route pour leurs premiers pas vers l’intégration. Ils favoriseraient leur apprentissage de la langue d’accueil tout en recréant du lien avec leur langue maternelle. Ils aideraient les plus affectés à surmonter leurs traumatismes. Ils changeraient la vie de ces jeunes lecteurs, et plus largement celle de leur famille.