En plein débat sur la réforme des retraites, les enseignants veulent faire entendre leur voix. Mécontents d’une revalorisation salariale qui se fait attendre, certains s’inquiètent également des priorités du ministre de l’Éducation nationale, très présent sur les thématiques LGBT et plus silencieux sur les enjeux éducatifs. Gilles Ardinat, professeur et coordinateur du forum École & Nation, répond aux questions de BV à ce sujet.
Clémence de Longraye. Les syndicats enseignants appellent à la fermeture totale des écoles, collèges et lycées, le 7 mars prochain. Comprenez-vous et partagez-vous leur colère ?
Gilles Ardinat. Notons tout d’abord l’unanimisme syndical au sein de l’Éducation nationale : de droite (comme Action & Démocratie et les LR-compatibles du SNALC) comme de gauche (SNES, SUD, CGT), toutes les centrales sont vent debout contre le report de l’âge légal de départ à la retraite. La date du 7 mars a été fixée en fonction du calendrier scolaire : la zone C (académies d’Île-de-France et d’Occitanie) rentre de congés le lundi 6 mars, ce qui signifie qu’à cette date, la totalité des 12 millions d’élèves de France auront repris.
Je comprends le mécontentement des collègues. Cette réforme est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. En réalité, le malaise est général : insécurité et incivilités dans les établissements, ineptie de nombreuses réformes (comme celle du bac Blanquer), rémunérations insuffisantes, effondrement du niveau…
C. de L. Emmanuel Macron avait promis, pendant la campagne présidentielle, une revalorisation salariale des enseignants. Qu’en est-il aujourd’hui ?
G. A. La rémunération des professeurs est un véritable serpent de mer. Depuis de nombreuses années, le gel quasi systématique du point d’indice des fonctionnaires a pesé sur leur pouvoir d’achat. En juillet 2022, la hausse ponctuelle de 3,5 % a été dénoncée par les syndicats comme une provocation. Le ministre Pap Ndiaye a, par ailleurs, engagé une revalorisation des salaires (très faibles) des professeurs débutants (les fameux 2.000 euros nets minimum promis pour septembre 2023). Cette annonce fait suite à l’aggravation de la situation sur le front du recrutement : le métier, peu attractif, suscite de moins en moins de vocations. En outre, les négociations sont toujours en cours, notamment pour les professeurs plus anciens. M. Ndiaye propose une augmentation générale de 10 % en contrepartie de temps de présence et de tâches supplémentaires. Les syndicats sont, pour le moment, très réticents. Ces tâches supplémentaires restent floues. La revalorisation tant attendue se laisse attendre, ce qui alimente la contestation.
C. de L. Alors que la grogne des enseignants monte, Pap Ndiaye semble bien démuni. Le ministre de l’Éducation nationale ne se trompe-t-il pas de priorités ?
G. A. Pap Ndiaye, idéologue woke dépourvu de charisme et de compétence, est complètement dépassé par la situation. Il se mobilise sur des thématiques « progressistes » comme les droits des élèves LGBTQI+, la mixité sociale (qu’il n’applique pas à ses propres enfants, scolarisés dans un établissement privé élitiste) ou la lutte contre le racisme. Sa dérobade face à la proliférations des abayas et autres tenues vestimentaires communautaristes est un véritable scandale. Pap Ndiaye a complétement raté ses premiers mois comme ministre.