Le saviez-vous ? Emmanuel Macron a enterré notre système de retraite par répartition peu ou prou de la même façon que François Hollande a détricoté notre filière nucléaire : pour des raisons idéologiques, pour se faire bien voir de la gauche et sans aucune étude d’impact. Une étude d’impact, pourtant, qui aurait été beaucoup moins technique que pour l’énergie, il n’aurait même pas été besoin de la confier à McKinsey, un enfant de CM2 aurait pu s’en charger, car il en va des pensions de retraite comme de l’argent de poche : Inutile d’espérer recevoir s’il n’y a personne pour donner. Évidemment, et nous l’avons suffisamment répété dans ces colonnes, la retraite par répartition n’est qu’une pyramide de Ponzi en l’absence d’une politique démographique bien menée. Sans natalité suffisante, nous sommes collectivement condamnés, non pas au travail jusqu’à 65 ans, mais jusqu’à 92. Et le fait est qu’à aucun moment le sujet de la natalité n’a été abordé par le gouvernement, sauf pour botter en touche.
Un podcast de France Inter en date du 1er février, intitulé « La natalité, l’autre débat derrière les retraites », éclaire, commentée par un de ses proche, l’opinion d’Emmanuel Macron sur le sujet : « L’idée d’une politique familiale assumée, ce n’est pas dans le logiciel du chef de l’État » : « Cela donne l’impression de réduire les femmes à un rôle de mère, c’est pas notre truc. »
Les mères sont donc des « femmes réduites ». Le compliment leur va droit au cœur. Ces éléments de langage sont un copier-coller, en version mezzo voce, de ceux de la NUPES. « » crie Sandrine Rousseau dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. « Nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement du financement des retraites ! », répète, sur Twitter, sans grande imagination, Manon Aubry. Les mères sont bien des femmes réduites… à un ventre. Le magistère moral de gauche est tellement fort qu’un sportif, Simon Fourcade, faisant écho à ces dames, se permet même de traiter les mères de pondeuses : « Beh, ouais, c’est vrai, ça ! Elles sont où, les pondeuses ? Allez, allez, on mets (sic) ses petites ambitions perso de côté et on va se remettre à élever du marmot à la chaîne pour redresser le pays. » Animaliser des femmes, les comparer à des poules ne fait moufter personne.
Alors que cette réforme des retraites était une occasion en or pour revaloriser la condition des femmes, d’un bout à l’autre de leur vie professionnelle. C’était le moment de démontrer que la procréation – dont elles sont seules maîtresses, le « privilège exorbitant de la maternité », comme l’écrit Françoise Héritier – étant infiniment précieuse pour la société, il fallait l’encourager par des allocations et des mesures familiales ad hoc, pendant la durée de vie féconde, et la dédommager, voire la récompenser, à l’âge de la retraite.
Mais les féministes prétendent défendre les femmes en méprisant les mères, comme si celles-ci, dans la vraie vie, n’étaient pas le plus souvent indissolublement liées. Sommés de faire un choix, nos députés de la NUPES ont donc fait celui de l’abandon en rase campagne.
On remarquera, en sus, au passage, comme une cerise sur le gâteau, que les manœuvres de l’extrême gauche ont empêché le Parlement de s’intéresser plus avant à la retraite des « aidants » de parents âgés ou d’enfants handicapés, qui sont le plus souvent « des aidantes » – et pour lesquels plusieurs associations ont tiré la sonnette d’alarme, dénonçant un dispositif insuffisant -, et à celle des femmes de militaires, qui ont sacrifié bien souvent leur carrière sur l’autel des mutations et des OPEX de leur conjoint. Un article dans Le Figaro vient de leur être consacré : « Nous aussi, indirectement, nous servons la nation. Quand cela sera-t-il pris en compte ? » « Si le PLFRSS [projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, NDLR] n’avait pas été bloqué par l’obstruction stupide de la NUPES, j’aurais pu présenter mes amendements pour les défendre », déplore, sur Twitter, le député RN de l’Aude Julien Rancoule.